Anne SLACIK, dans l’effilé de la lumière. Peintures et livres peints

EXPOSITION DU 23 NOVEMBRE 2023

AU 18 FEVRIER 2024

Prochaine visite commentée : dimanche 18 février à 16h

Parcours artistique

Anne Slacik, née à Narbonne, partage sa vie et son temps de travail entre Saint-Denis et le Gard.

Elle débute ses études en Arts Plastiques à l’Université de Provence et les poursuit à l’Université de Paris I dont elle est diplômée de troisième cycle. En 1984, elle devient titulaire de l’agrégation d’Arts plastiques.

Anne Slacik enseigne à son tour les Arts plastiques jusqu’en 1990 avant de faire le choix de se consacrer entièrement à la peinture sur toile et à la réalisation de livres peints. Dès 1991, elle obtient le prix de peinture de la Fondation Fénéon.

Son parcours est jalonné d’un nombre considérable d’expositions à Paris et dans la France entière. Parmi les plus récentes, on retient particulièrement :

  • Celle de 2012 au musée d’Art et d’Histoire de Saint-Denis associé au musée du Cayla dans le Tarn, consacrée à l’ensemble de son travail et accompagnée de textes du poète Bernard NOEL,
  • Celle de la bibliothèque Forney, bibliothèque historique de la ville de Paris, qui associe ses livres peints à un ensemble de toiles,
  • Celles de la maison de Victor Hugo à Paris dans le cadre de l’exposition « La pente de la rêverie », suivies d’une exposition personnelle au musée de Périgueux,
  • Celle de 2018, au musée Paul Valéry, à Sète, intitulée « Petits Poèmes Abstraits, grandes peintures et livres peints »,
  • Celle de 2020 au musée d’Art Moderne de Collioure, puis au Manoir Michel Butor à Lucinges en Haute-Savoie, associant souvent œuvres sur papier et grandes peintures,
  • Celle de 2023 au musée-bibliothèque Pierre-André Benoit à Alès qui s’inscrit dans la continuité de ses rapprochements en mariant des toiles imprégnées de lumière et de couleurs à des livres illustrés sur des poèmes de Pierre-André Benoit lui-même.

La couleur est au cœur de son cheminement, utilisée dans sa fluidité sur des toiles de grand format, peinte sur les livres et les manuscrits, comme un va et vient possible entre la peinture et le livre, entre la peinture et la poésie.
De nombreuses rencontres et amitiés avec les poètes ont donné naissance à des textes, à près de 400 livres dans le domaine de l’édition et à une collection de livres manuscrits-peints de plus de 130 titres.

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Dans l’effilé de la lumière

Associée à des peintures récentes, l’exposition au musée de Cabriès présentera aussi des livres peints. Parmi ceux-ci figurera un livre qu’Anne Slacik a réalisé sur le beau poème d’Alain FREIXE, « Dans l’effilé de la lumière », dont le texte est reproduit ci-après.

« Je vais vers celle qui n’est pas une chose du monde. Je vais vers une interrogation. Posée là. Dans le bleu. À la fois doux et dur qui éponge le visage raboté des dernières pierres, celles de toutes les nuits.

« Et d’où venue, la géante ? Masse de pierres retournées comme pensivement en elles-mêmes ? Du fond de quelles eaux enfuies ? Des hauteurs de quels ciels tutoyés de trop près dans les gels, les neiges et les orages d’été ? Combien de mots pour ne rien savoir ?

« Du cœur de ses entours avance la montagne. Je la regarde. Elle me regarde. Deux regards, et c’est l’attaque. Un court-circuit. Comme une passerelle de lumière au-dessus du vide. Une empoignade. Comme un combat en flammes entre le proche et le lointain. Un feuilleté de lumière entre prises et déprises. Une syncope d’air dans les poussières. Un tourbillon dans les poumons. Et le sang. Quelque chose comme une plaie. Une blessure vive encore de la fracture. Une meurtrière d’air ouverte sur l’inconnu.

« Quelque chose commence . S’avance une vapeur. Comme une brume d’âme. Cela qui sèche le loin. Et noie le proche.

« Qui va là ?

« Par ces traces, quelque chose passe. Passe encore. Passe toujours. C’est sans mot la chose qui passe. Comme une livraison d’ombres. Comme ces fumées qui s’écrasent par vagues sur les restes de palissades que l’on voit s’effondrer encore au fond des terrains vagues. Comme ces buées qui racontent aux vitres le froid du dehors.

« Dans l’ombre du ciel, quelque chose demeure qui ne saurait être pris. Quelque chose exilé entre deux mottes de terre. Deux touffes d’herbe. Deux arbres morts. Deux nuages apeurés. Deux volées de couleur. Quelque chose creusé par la succession des ciels. Jeté dans la crue de la lumière, à l’abandon, après les collines, dans la distance des pierres sans chemin. Quelque chose attend. Quelque chose qui n’est ni d’ici, ni d’ailleurs. Ni du dedans ni du dehors. Quelque chose que le temps ne saurait prendre. Quelque chose qui reste éveillé dans l’ombre de ses entours. Lente lumière qui s’effile, se déclôt et lève.

« Rien ne flambe ici. Pas d’éclair. Nul jaillissement. Ni saccades, ni secousses. Quelque chose se défroisse, se détache, se libère. Quelque chose qui ne déchire rien. Ni fond, ni nature. Quelque chose sous la nappe du soleil. Comme une musique tue cherche à s’alléger. Un lent travail de nuage aux prises avec l’emprise de la vallée alors que manque le vent. Quelque chose comme un soulèvement sans aucun souffle pour le porter. Quelque chose qui tient encore pourtant. Et se retient. Quelque chose qui n’en finit pas de s’ouvrir. Quelque chose qui troue la pierre. Remonte par ses veines. S’accroche aux lichens. Quelque chose que le silence des grands ciels l’été renvoie. Un fantôme dans le blanc du jour. Un rayonnement d’étoile dans le silence. Une buée musicale.

« Comment s’approcher de sa ligne de flottaison. Surtout ne pas peser. Suspendre ses pas, ses pensées du jour et ses mots de toujours. Ne rien faire. Laisser le soleil agir. Laisser transpirer la pierre et que le ciel boive son ombre.

« Comment faire voir l’un dans l’autre la pierre et son ombre ?

« Comment dire cela qui se dérobe, qui dans l’air prend forme et qui fait nuage au ciel des pierres dans le tremblé de la lumière ? Cela que la ligne de coupe d’un sanglot emporte et perd dans des forêts de légende.

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« Quand les couleurs touchent au silence et lui donnent ce timbre que l’on sait aux surfaces de l’eau quand « une onde les traverse après la déchirure de la pierre.

« Que voit-on que je ne dis pas ?

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Evènements associés à l’exposition

L’exposition d’Anne Slacik est jalonnée par une série d’évènements culturels et festifs :

  • le samedi 18 novembre 2023 a eu lieu le vernissage de l’exposition en présence de l’artiste et d’une foule d’admirateurs et de collectionneurs,
  • le samedi 2 décembre 2023 à 16h, lecture de poèmes par Alain FREIXE, suivie d’une visite commentée de l’exposition par Anne SLACIK elle-même,
  • le dimanche 28 janvier 2024 à 16h, visite commentée de l’exposition par Anne SLACIK, suivie d’un concert de guitares classiques avec Arnaud et Clarisse SANS,
  • Le dimanche 18 février 2024 à 16h, clôture de l’exposition avec un récital de violon donné par Noël CABRITA DOS SANTOS et une ultime visite de l’exposition, commentée par Anne SLACIK elle-même.
  • Ce moment culturel sera suivi d’un moment d’échanges autour d’un apéritif.
  • L’entrée est libre et ouverte à tous.

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Des visites particulières sont effectuées pour

  • des groupes constitués,
  • les élèves des écoles primaires de la Commune de Cabriès,
  • pour les adolescents étrangers reçus par le collège Marie Mauron dans le cadre du programme Erasmus.

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